Il fait bon pour un mois de novembre.
En effet, les températures ne sont pas encore passées au négatif ; une occasion pour moi de réaliser un très court voyage deux-en-un. Beauvais m’avait semblé être une ville partagée par plusieurs groupes de capoeira : Falcão Bahia Capoeira, le groupe de Mestre Swing, et Iroko Capoeira, dont j’avais récemment appris l’existence par les réseaux sociaux.
Je prends ma tente, la capoeira mobile et mon dîner dans une sacoche. Après les cours de cet après-midi pluvieuse, je file à la Gare du Nord. Arrivé à Beauvais, les monuments se sont préparés pour l’Armistice. Je vais voir Iroko Capoeira à la salle Bruno Metsu.
Bonne ambiance chez Iroko. J’ai fait la connaissance d’une famille fan d’arts martiaux, en plus d’apprendre l’histoire de l’association par Instrutor Salsicha. Elle existe depuis 13 ans en réalité, mais elle a reçu plusieurs noms au cours de son histoire. Pour le cours mixte adultes – enfants, Salsicha nous initie au jeu Amazonas, avec la contrainte d’imiter certains animaux. Nous faisons ensuite un jeu au sol avec obstacles, puis une séquence qui transitionne queda-de-rins et corta-capim.
Je quitte la compagnie et cherche un endroit où dormir. J’avais repéré d’avance une aire de campings cars au sud de la ville. Je demande au cas où à des jeunes, dans un bar, s’ils connaissent un autre lieu de camping sympa. Ils m’indiquent les étangs à l’Est de la ville. J’irais là si l’aire est fermée.
Tant mieux, elle était ouverte. J’installe ma tente à la nuit noire, j’attache mon vélo à une rambarde, mange mon dîner, et dors en grelottant quelques peu.
Le matin se lève vers 7 heures. Je sors de ma tente avec les mains engourdies par le froid. J’arrive quand même à remballer mes affaires, la tente à l’arrière du vélo, les provisions dans les poches arrières. Je circule en casque et pyjama dans Beauvais, dont je parviens mieux à apprécier le patrimoine.
J’ai 14km à faire ce matin. C’est peu, mais la rosée du matin à mouillé toutes les routes. Où que je roule, je me sens ébloui si je la regarde. À la fin d’une descente, j’ai un accroc avec une voiture. Mes freins n’ont pas autant fonctionné que ce que j’espérais.
Le festival de Mestre Falcão a lieu au gymnase intercommunal de Bailleul-sur-Thérain à partir de 9h30. Ce n’est pas le seul lieu de cours du groupe : ils sont aussi à Pontault-Combault et à Beauvais même. Le gymnase est très spacieux et équipé de salles à tatamis. Je retrouve Mestre Waguinho, Cabeção, et de nombreux enseignants originaires de Bahia. J’avais déjà vu Mestre Perigoso et Leo Modelo. Je ne connaissais pas Mestre Índio de Lyon. Mestre Carlinhos, le Mestre de Mestre Falcão, est la personnalité mise à l’honneur. J’ai l’occasion de parler avec lui un peu au cours de la journée. Parmi les personnes que nous connaissons à l’Ouest, je vois Pipoca, son ami Enzo et son oncle Mestre Foguete.
Le stage du matin se passe avec Contramestre Paciência et porte sur les placements de Vingativa. Nous passons ensuite à la roda en jeux unique, puis multiples à 3 duos de partenaires.
Carcaju arrive après les rodas. Après manger, nous allons faire un stage de Jujitsu brésilien avec un ami de Mestre Falcão champion d’Europe. Je lutte avec un ado du groupe Ginga Bahia.
Tony arrive à la fin du stage de Jujitsu. Mes deux professeurs ont l’occasion de jouer dans la roda de 15 heures, les deux se retrouvent face à Falcão.
Je fais mon dernier stage de la journée avec Formada Sara. Le thème est « placer une arrastão sur une meia lua de compasso ». Comme les 16h30 approchent, je pars faire une photo devant le logo de Falcão, tout en préparant mon vélo.
Je prends un dernier en cas avant de faire 38km vers Creil, ce qui me donne l’occasion d’échanger avec Graduado Salsicha, un vieil élève de Falcão.
Je pars à 17 heures. Le début de la route est plutôt agréable… si seulement le soleil couchant pouvait durer toute la nuit ! Nous sommes en hiver. La nuit est rude, et les péripéties que j’ai traversé me l’ont rappelé.
En dépassant la ville de Mouy, je sens mon pneu arrière qui croule. Je me mets aux abords d’un lampadaire pour réparer ma monture. Pas le temp de mettre une rustine, je prends une chambre à air neuve. Après une demi heure de réparations retardantes, je reprends la route. Je monte jusqu’à arriver à une intersection avec un chemin forestier que j’ai du mal à distinguer. J’avance un peu à travers les bois pieds à terre, ou plutôt pieds à gadoue.
À partir de ce moment, je constate que mon frein arrière ne fonctionne plus. Il en a traversé des épreuves aujourd’hui. Peut être que les manips de ma réparation en plus de l’accident du matin ont fini de l’achever.
Sur la route vers Creil, je vois un magasin de légumes de nuit, une infrastructure intéressante faite de casiers hébergeant des salades, courgettes et autres tubercules.
Approchant Creil, les lumières des grues remplacent les étoiles. Il est 19h30 et mon train est à 20h30. J’ai le droit à une heure pour mener ma dernière petite enquête.
J’ai appris qu’un groupe de capoeira nommé Capoeira Xamã donnait des cours aux alentours de Creil. Comme ma route passe par Nogent-sur-Oise, la ville voisine, je m’arrête dans les gymnases pour savoir lequel d’entre eux accueille la capoeira. Un gardien me dit : « Vous ne trouverez pas la capoeira dans notre ville, mais je suis sur qu’il y en a à Villers-Saint-Paul. » Le dojo de Villers-Saint-Paul, Gymnase Gaston le Pite, est à 20 minutes de route. Je ne peux malheureusement pas m’y rendre au risque de rater mon train. Je décide donc de me rendre à une autre adresse de Xamã Capoeira : le gymnase Jules Uhry, à 5 minutes de la gare. Pour vous y rendre, vous passerez juste à côté du campus de l’IUT de Creil et de la Statue de la Paix. On a une belle vue nocturne sur les berges de l’Oise à cette heure-ci.
Le gymnase Jules Uhry était noté comme lieu siège de l’activité de Xamã Capoeira sur les sites associatifs de Creil. À l’entrée, je ne vois pas l’annonce des créneaux des cours, car le gymnase est fermé. J’ai cependant pu voir que des cours de Jujitsu brésilien étaient là aussi proposés.
Il est 20h20. Vite, je ne dois pas rater mon train. Avec empressement je regagne mon logement à Saint Denis.