Catégorie : Forasteiro
Suivi de Forasteiro dans sa recherche doctorale sur la géographie de la capoeira.
Dossier de mecenat
Il fait bon pour un mois de novembre.
En effet, les températures ne sont pas encore passées au négatif ; une occasion pour moi de réaliser un très court voyage deux-en-un. Beauvais m’avait semblé être une ville partagée par plusieurs groupes de capoeira : Falcão Bahia Capoeira, le groupe de Mestre Swing, et Iroko Capoeira, dont j’avais récemment appris l’existence par les réseaux sociaux.
Je prends ma tente, la capoeira mobile et mon dîner dans une sacoche. Après les cours de cet après-midi pluvieuse, je file à la Gare du Nord. Arrivé à Beauvais, les monuments se sont préparés pour l’Armistice. Je vais voir Iroko Capoeira à la salle Bruno Metsu.
Bonne ambiance chez Iroko. J’ai fait la connaissance d’une famille fan d’arts martiaux, en plus d’apprendre l’histoire de l’association par Instrutor Salsicha. Elle existe depuis 13 ans en réalité, mais elle a reçu plusieurs noms au cours de son histoire. Pour le cours mixte adultes – enfants, Salsicha nous initie au jeu Amazonas, avec la contrainte d’imiter certains animaux. Nous faisons ensuite un jeu au sol avec obstacles, puis une séquence qui transitionne queda-de-rins et corta-capim.
Je quitte la compagnie et cherche un endroit où dormir. J’avais repéré d’avance une aire de campings cars au sud de la ville. Je demande au cas où à des jeunes, dans un bar, s’ils connaissent un autre lieu de camping sympa. Ils m’indiquent les étangs à l’Est de la ville. J’irais là si l’aire est fermée.
Tant mieux, elle était ouverte. J’installe ma tente à la nuit noire, j’attache mon vélo à une rambarde, mange mon dîner, et dors en grelottant quelques peu.
Le matin se lève vers 7 heures. Je sors de ma tente avec les mains engourdies par le froid. J’arrive quand même à remballer mes affaires, la tente à l’arrière du vélo, les provisions dans les poches arrières. Je circule en casque et pyjama dans Beauvais, dont je parviens mieux à apprécier le patrimoine.
J’ai 14km à faire ce matin. C’est peu, mais la rosée du matin à mouillé toutes les routes. Où que je roule, je me sens ébloui si je la regarde. À la fin d’une descente, j’ai un accroc avec une voiture. Mes freins n’ont pas autant fonctionné que ce que j’espérais.
Le festival de Mestre Falcão a lieu au gymnase intercommunal de Bailleul-sur-Thérain à partir de 9h30. Ce n’est pas le seul lieu de cours du groupe : ils sont aussi à Pontault-Combault et à Beauvais même. Le gymnase est très spacieux et équipé de salles à tatamis. Je retrouve Mestre Waguinho, Cabeção, et de nombreux enseignants originaires de Bahia. J’avais déjà vu Mestre Perigoso et Leo Modelo. Je ne connaissais pas Mestre Índio de Lyon. Mestre Carlinhos, le Mestre de Mestre Falcão, est la personnalité mise à l’honneur. J’ai l’occasion de parler avec lui un peu au cours de la journée. Parmi les personnes que nous connaissons à l’Ouest, je vois Pipoca, son ami Enzo et son oncle Mestre Foguete.
Le stage du matin se passe avec Contramestre Paciência et porte sur les placements de Vingativa. Nous passons ensuite à la roda en jeux unique, puis multiples à 3 duos de partenaires.
Carcaju arrive après les rodas. Après manger, nous allons faire un stage de Jujitsu brésilien avec un ami de Mestre Falcão champion d’Europe. Je lutte avec un ado du groupe Ginga Bahia.
Tony arrive à la fin du stage de Jujitsu. Mes deux professeurs ont l’occasion de jouer dans la roda de 15 heures, les deux se retrouvent face à Falcão.
Je fais mon dernier stage de la journée avec Formada Sara. Le thème est « placer une arrastão sur une meia lua de compasso ». Comme les 16h30 approchent, je pars faire une photo devant le logo de Falcão, tout en préparant mon vélo.
Je prends un dernier en cas avant de faire 38km vers Creil, ce qui me donne l’occasion d’échanger avec Graduado Salsicha, un vieil élève de Falcão.
Je pars à 17 heures. Le début de la route est plutôt agréable… si seulement le soleil couchant pouvait durer toute la nuit ! Nous sommes en hiver. La nuit est rude, et les péripéties que j’ai traversé me l’ont rappelé.
En dépassant la ville de Mouy, je sens mon pneu arrière qui croule. Je me mets aux abords d’un lampadaire pour réparer ma monture. Pas le temp de mettre une rustine, je prends une chambre à air neuve. Après une demi heure de réparations retardantes, je reprends la route. Je monte jusqu’à arriver à une intersection avec un chemin forestier que j’ai du mal à distinguer. J’avance un peu à travers les bois pieds à terre, ou plutôt pieds à gadoue.
À partir de ce moment, je constate que mon frein arrière ne fonctionne plus. Il en a traversé des épreuves aujourd’hui. Peut être que les manips de ma réparation en plus de l’accident du matin ont fini de l’achever.
Sur la route vers Creil, je vois un magasin de légumes de nuit, une infrastructure intéressante faite de casiers hébergeant des salades, courgettes et autres tubercules.
Approchant Creil, les lumières des grues remplacent les étoiles. Il est 19h30 et mon train est à 20h30. J’ai le droit à une heure pour mener ma dernière petite enquête.
J’ai appris qu’un groupe de capoeira nommé Capoeira Xamã donnait des cours aux alentours de Creil. Comme ma route passe par Nogent-sur-Oise, la ville voisine, je m’arrête dans les gymnases pour savoir lequel d’entre eux accueille la capoeira. Un gardien me dit : « Vous ne trouverez pas la capoeira dans notre ville, mais je suis sur qu’il y en a à Villers-Saint-Paul. » Le dojo de Villers-Saint-Paul, Gymnase Gaston le Pite, est à 20 minutes de route. Je ne peux malheureusement pas m’y rendre au risque de rater mon train. Je décide donc de me rendre à une autre adresse de Xamã Capoeira : le gymnase Jules Uhry, à 5 minutes de la gare. Pour vous y rendre, vous passerez juste à côté du campus de l’IUT de Creil et de la Statue de la Paix. On a une belle vue nocturne sur les berges de l’Oise à cette heure-ci.
Le gymnase Jules Uhry était noté comme lieu siège de l’activité de Xamã Capoeira sur les sites associatifs de Creil. À l’entrée, je ne vois pas l’annonce des créneaux des cours, car le gymnase est fermé. J’ai cependant pu voir que des cours de Jujitsu brésilien étaient là aussi proposés.
Il est 20h20. Vite, je ne dois pas rater mon train. Avec empressement je regagne mon logement à Saint Denis.
Au camping de Chartres, je me réveille à 8 heures, même si je pensais faire une grasse matinée. Cela me laisse le temps d’aller acheter mes dernières provisions en ville, ainsi que des boissons énergisantes.
L’après midi, je retrouve un peu de sommeil, je m’endors sous le saule, sous ma tente. Je quitte le camping vers 18 heures, après l’appel d’une grande amie. Je vais à la salle du cours de Professor Vermelho, du grupo Comunidade de Escudos e Pesquisas da Capoeira, à proximité d’une zone résidentielle et d’un skatepark. De dehors, j’entends un berimbau, j’entrevois des mouvements de jambe circulaires à travers les murs métalliques troués de la structure.
J’attends un peu dans le hall, certaines personnes entrent dans la salle, je me joins à eux, Vermelho me permet d’entrer. Le précédent créneau horaire correspondait au cours des adolescents, des jeunes du groupes restent pour le cours adulte.
Deux exercices intéressants : un échauffement cardio avec les mouvements de mains (galopantes, palmas, mão de baixa para cima), et sur les placements de la vingativa à partir de tous les mouvements circulaires hauts imaginables. Le cours de Vermelho n’est pas le premier à être apparu à Chartres, mais il est actuellement le seul à proposer de la capoeira en ville.
Le cours fini, je reste un peu avec l’une des élèves qui cherchait à éteindre toutes les lumières du bâtiment, une tâche plutôt complexe. Après avoir mangé un bout et mis des lumières sur mon vélo, je quitte Chartres. Il est 23h. Je dois faire 40km avant d’arriver à Rambouillet.
Les lampes du vélo suffisent tant que les lampadaires sont allumés, mais pas à la nuit noire. À Coltainville, je me décide à me vêtir de plus de lumière, ainsi que d’une lampe frontale pour regarder en périphérie de ma direction. Sur ma route, je croise une famille de sanglier. En me rapprochant de l’Île-de-France, les routes deviennent de plus en plus sombres. Je n’ose plus traverser les chemins champêtres. Je me risque à aller dans une forêt.
J’entends des hurlements, des meuglements au fond de la nuit qui résonnent à travers les arbres. Est-ce le yéti, ou un ours qui souffre, probablement juste une vache, mais je cherche vite un chemin pour me sortir des feuilles.
Le décor dans lequel j’étais plongé avait finalement un côté féérique de jour, mais la nuit attire une telle méfiance dans les formes, qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer l’improbable. Je n’avais pas peur, mais la crainte me prenait d’être à tout moment face à l’inattendu émergeant de la nuit.
Je retrouve des routes bétonnées, des formes cubiques familières de hangars, de citernes et de maisons. Me voilà dans une autre commune éclairée nommée Gallardon.
De jour, cette ville est célèbre pour la ruine de sa tour penchée. De nuit, celle-ci n’est qu’une ombre lointaine, comme un obstacle contourné par des rues.
Pour aller à Rambouillet, il faut prendre un chemin jouxtant les rails du TER qui se rend plus loin en région Centre. J’arrive vers la lumière urbaine après un dernier chemin de terre. En ville, les espaces d’ombres correspondent aux grands jardins qui entourent le château. Les lieux religieux restent toujours éclairés, comme les salles de capoeira.
Il est 2h du matin. Je pensais pouvoir prendre un bus de nuit pour retourner à Paris. Les trajets que j’avais vu sur le site de la RATP ne se font plus. Quel dommage. J’attends deux heures à la gare pour prendre le premier Transilien à 4h40. Je résiste au sommeil et je commence à prendre froid. Quand je rentre dans le train, je ferme les yeux, mais mon coeur bat vite. Je m’interdis de dormir.
Je regarde mon téléphone, sur Instagram, je vois passer l’annonce d’un cours de capoeira à Bracieux par Mestre Bicudo. Je ne suis pas allé dans cette ville, mais je prends l’adresse en note.
Arrivée Paris Montparnasse, destination finale Stains. Je retrouve mes monuments parisiens comme ligne d’arrivée. Aujourd’hui, je dormirai pour fêter mon arrivée.
TO BE CONTINUED
De Cloyes à Chartres, il me reste peu de kilomètres, mais beaucoup de choses à voir.
Nous sommes dimanche, donc pas de capoeira aujourd’hui. A la place, j’ai fait une overdose d’églises.
Première étape, Châteaudun. J’y ai pris mon temps. En y arrivant, je savais que j’y verrais beaucoup de patrimoine. J’y ai fait mon petit parcours. Je souhaitais commencer par le château, mais mon attention fut prise par une animation advenue près de l’église romane 200 mètres avant. Un bâtiment officiel, style parisien du Second Empire abritait une vaste collection d’objets rares. Un super-antiquaire ? Non, une brocante, tenue par le maître local de la brocante Julien Cohen.
Ces curiosités m’en ont déjà mis plein les yeux. En sortant de la brocante, trois personnes qui discutaient ensemble m’interpellent. Je ne passe pas inaperçu avec mon gros sac de randos. Il s’agissait du maire de la ville et ses adjoints. Je leur dis que je suis un cycliste de passage qui fait un tour des régions de France. Ils m’encouragent à aller voir le site des grottes de la ville et la belle vue du promontoire de la ville.
Je continue ma route de village en village. Je m’arrête un peu à Bonneval qui a un très beau cours d’eau.
Après une longue descente fort rapide, je vois au loin la grande cathédrale. C’est Chartres, l’étape finale de ce court voyage qui m’aura quand même laissé le goût de l’épreuve.
Dans la ville, la cathédrale est loin d’être le seul lieu religieux. Je suis allé dans quatre églises de la ville au total. Avant d’aller au camping, j’entends bien faire une halte à la cathédrale, et au musée juste à côté. Beaucoup de scouts se sont réunis au centre-ville. Dans le musée, je rencontre des membres de l’association L’Instrumentarium de Chartres. Ils jouent avec des instruments médiévaux inspirés des sculptures de la cathédrale. À l’église Saint-Aignan, je rencontre un pèlerin cycliste en civil qui me décrit les « bons plans » accordés aux pèlerins sur les trajets en Europe.
Après mon tour en ville, je retourne camper. Le camping propose des réductions sous réserve de présenter un crédencial. Je retrouve un couple de cyclistes hollandais, que j’avais précédemment rencontré près d’Orléans, lorsque je m’installe.
Je réfléchis à devenir pèlerin. Demain, je prévois de faire une grasse matinée jusqu’à midi. Il s’agit d’être alerte pour le dernier trajet.
Je me lève vers 6h du matin. Pour une fois que j’avais un lit, c’est la meilleure. Je suis bien pris aux sinus. En plus du petit déjeuner, j’ai pris un Efferalgan ce matin.
Je fais signe de la main à Anne, la femme de Jean-Luc, en enfourchant ma selle. Direction Vineuil. C’est là qu’a lieu le cours Baby de Mestrando Portuga.
« C’est le cours de la rentrée. Normalement, les parents ne sont pas là, mais aujourd’hui, on fait le cours avec eux. »
J’ai beaucoup aimé cette participation dynamique des parents lors du cours Baby. A vrai dire, j’étais déjà agréablement surpris de la pédagogie envers les 2-3 ans, mais le fait que les adultes soient aussi conviés a ajouté un plus; d’une part dans les observations que je retranscrivais sur mon carnet en étant assis à côté des tatamis, d’autre part dans l’ambiance elle-même.
Après avoir posé mes questions d’entretien à Portuga et recueilli quelques mots de parents et élèves, je reprends la route. Il m’a offert un porte-clé caxixi et un ruban Bomfim que j’attache à ma sonnette.
Sur la route de Cloyes-sur-le-Loir, je profite de l’horizon. Avec le soleil, la terre au loin se confond parfois en un mirage. À l’ombre d’un vieux moulin, je dors une quinzaine de minutes.
Le camping de ce soir est noté 4 étoiles. En plus d’être économique, il proposait une piscine chauffée dont j’ai pu profiter, même avec mon arrivée tardive. Mais la nuit prévoit d’être froide. Avec mon état de ce matin, mieux vaut que j’aille camper dans les douches.
Nous sommes un vendredi, et en voilà une belle journée qui s’annonce! J’ai le droit à une bourrasque en rangeant ma tente, mais le soleil brille à partir de 10h. Direction Blois.
À la suggestion de Pescoço, j’ai pu échanger avec un Mestrando Portuga, qui fait de la capoeira à Vineuil, au Sud de la ville. Je lui ai proposé un rendez-vous à son cours Baby du Samedi matin, car je prévois de revoir de grands amis de famille le soir.
Sur la route, je suis tombé sur un cube-prison gigantesque (Beaugency), une centrale nucléaire (Saint-Laurent-Nouan), et un lieu de pèlerinage inattendu (Saint-Dyé-sur-Loire). Des ouvrages que j’ai aimé voir sous le soleil.
Sur la route, Jean-Luc – qui me logera pour cette nuit – m’envoie un SMS. Il m’indique qu’un cours de capoeira a lieu juste à côté de chez lui. Curieux, je jette un oeil à l’adresse. Effectivement, je ne la connaissais pas d’avance. Avant d’entrer, je vais y faire un tour.
Ce soir, ce semble être un cours enfant. Je parle avec un parent devant la salle, il m’indique qui est le professeur. Son apelido est Ziguezague. Je lui dis d’abord que je n’ai pas beaucoup de temps, car je suis attendu, mais il me laisse ses coordonnées.
Je vais dire bonjour à Jean-Luc. Après avoir pris une douche bien méritée, je lui parle un peu de mon aventure, puis de ma rencontre inattendue avec Ziguezague.
« Fonce! Ne laisse pas cette occasion de rencontre des camarades. »
Jean-Luc eu raison de m’encourager à revoir Ziguezague. Je retourne à la salle. Comme il n’y a pas de cours adulte ce soir, il me propose de le raccompagner à vélo avec ses enfants. J’ai adoré notre échange. Il m’invite à boire un coup avec sa femme Maratona. Cela a été l’occasion de faire un entretien précieux. J’aurais adoré jouer avec votre famille de capoeiristes. Merci beaucoup, j’aurais plaisir à vous revoir, que ce soit en abada, à vélo, ou autour d’une table!
Je reviens chez Jean-Luc. Mon ami d’enfance Baptiste arrive ce soir aussi. Ça faisait si longtemps. Le soir, nous passons un coup de fil à ma famille.
Au réveil, il pleut. Je sors du camping en mode pataugeoire, toutefois en forme pour ma première vraie journée de voyage ; du moins, le croyais-je.
Je m’abrite au plus vite après mes premiers 500 mètres. Je prends le petit déjeuner au Lidl. Puis direction Étampes, où il pleut toujours. J’arrive du côté de Méréville sur les 11h30. Misère, en une matinée, je n’ai même pas fait 30 kilomètres.
Je pic-nique dans l’église de Autruy-sur-Juine après une forte bourrasque. Déjà lessivé, je me rends. La météo n’est pas prête de s’arranger, je cherche la gare la plus proche.
De retour dans le déluge, je m’en vais à Toury. J’entre comme serpillère dans le hall de la gare. Le guichetier m’offre des bouteilles d’eau et m’annonce que le prochain TER pour Orléans est à 17h30.
En attendant, je vais dormir dans un PMU. Je sirote un jus de fruits, puis un Efferalgan. Les gens parlent fort dans cet endroit. Je ne suis pas tombé dans un endroit reposant. Je repense à la belle rencontre que j’avais fait à Gueux il y a un an, c’est tout l’inverse!
À 17h, l’averse cesse. Je vais prendre le TER pour Orléans. Dans le train, je gare mon vélo à côté d’un autre. Sa propriétaire est assise sur la banquette, derrière. Je suis tombé sur une collègue voyageuse. Son nom est Eva Hållsten, cette suédoise parcoure la France pour l’association LAMSF – les Amis des Afghans suédophones en France. Apparement, les afghans qui parlent suédois sont plutôt nombreux et font de petits groupes épars en Europe. Aujourd’hui, Eva s’en va aussi à Orléans pour s’entretenir avec un journaliste afghan. Coïncidence rigolote, Eva partait aussi du camping d’Étréchy.
Son blog : < https://lamsf.fr/artiklar >
J’arrive à Orléans avec deux tâches à réaliser : planter ma tente au camping d’Olivet, et me rendre juste après au cours de Mestrando Pescoço.
Pour le cours, on a eu une belle ambiance, le travail du jour portait sur le placement des Vingativas. À la fin, Pescoço m’a dit qu’il avait pensé à Mestre Acordeão quand je lui ai annoncé l’idée de mon Tour.
Le gérant du camping invite ses hôtes à regarder le rugby à la télévision. Je mange mon repas du soir devant la télé avec des vacanciers.
COB Capoeira Ou Bicicleta
Le rêve
Le projet « Capoeira Ou Bicicleta » est un rêve, que la capoeirie verra peu à peu s’immiscer dans sa réalité. Tout a commencé avec une suggestion. Ceux qui me l’auront faite sauront se reconnaître :
« Tu aimes la géographie, tu aimes la capoeira. Pourquoi ne mélangerais-tu pas les deux ? »
Bien sûr. Voilà la suggestion qui fit commencer le rêve. Un mélange de Jean-Pierre Augustin et de Mestre Acordeão. Il m’en a fallu du temps, des marches à gravir, pour peu à peu voir le rêve devant mes yeux. Imaginez vous en bas des escaliers.
Premier escalier – Level Tour Montparnasse : Devenir humaniste. En l’occurrence, j’ai enduré trois années de prépas de lettres. C’était un épanouissant casse-tête. Au bout du compte, je me suis retrouvé qualifié en deux langues étrangères (non, pas le portugais), capable de décrypter des cultures, et de rédiger n’importe quoi en un temps record sans mettre un chat sur mon clavier. Je n’avais vraisemblablement pas reçu mon compte de géographie.
Deuxième escalier – Level Tour Eiffel : Devenir Géographe des Sports. Je n’avais pas encore eu l’idée de monter mes escaliers en vélo, mais j’ai fait la rencontre de bonnes personnes (plus que des chercheurs ressources, des amis, des inspirateurs). D’abord Claudia, à qui j’ai lancé que je voulais faire la carte du monde des groupes de capoeira en un Master. Puis Mickaël, qui m’a ouvert les portes de la recherche en STAPS. Mon travail de chercheur n’a pas commencé de manière folichonne, j’étais devant mon poste, assis ou en bananeira devant mon ordinateur, avec le but de recenser tous les groupes de capoeira de Paris intramuros. Ça s’est bien passé, la capitale était plutôt ouverte, et j’ai reçu l’aide de fantastiques capoeiristes auxquels je redis Obrigado.
Arrivé au deuxième étage de Tour Eiffel, il vous reste encore 991 marches à franchir avant d’arriver au sommet. Nul ne peut les franchir, sauf s’il a le passe-droit des réparateurs d’antennes. Ce passe-droit a été mon vélo, avec lequel je pouvais parcourir l’ensemble de l’Île-de-France pour interroger des capoeiristes à propos de leurs entraînements, leurs territoires, et leurs relations. Ma première étude s’est élargie à l’Île-de-France. J’ai fait la rencontre d’autres capoeiristes-chercheurs qui eux aussi avaient eu un passe-droit : Adriana, Gina, David. Mon Mémoire à vu le jour en septembre 2022 : O pequeno mundo da capoeira. La spatialisation du réseau des grupos de capoeira francilien pendant le COVID-19 (2019-2022).
Troisième Escalier – Level Tour Saint-Jacques … de Compostelle ! J’ai commencé mon année préparatoire à la thèse avec un voyage fantastique de Paris à Nuremberg, où j’allais retrouver un ami. Je voulais en même temps mettre à l’épreuve ma méthode d’ethnographie à vélo, développée l’année précédente, à la France et aux frontières européennes. J’ai été touché au coeur par l’accueil et les aides que les personnes sur ma route m’ont apporté. Bien sûr. Il faudra que je raconte ce voyage, sa publication arrivera un jour ou l’autre ! En suivant les grandes villes françaises, je croisais souvent des pèlerins.
En revenant à Paris, j’ai trouvé une offre de service civique à la FSCF, notre grand sponsor avec le COB. J’ai eu l’occasion de découvrir l’envers des décors de le fédération sportive, et de belles équipes de randonnée réparties sur toute la France. Entre-temps, j’ai eu l’occasion d’échanger davantage avec deux grands chercheurs ayant étudié la capoeira : Jean-François Loudcher et Monica Aceti. Grâce à mes nouveaux codirecteurs, ma recherche allait certainement s’orienter vers les STAPS.
Avec l’aide de Jean-François, Monica et Claudia, je rédige un, puis deux projets de thèse. L’épreuve des contrats doctoraux. La dernière marche avant le rêve de « Capoeira Ou Bicicleta ».
Depuis le 13 septembre 2023, j’ai atteint le sommet des trois Tours parisiennes. Je parcoure à vélo la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, par intérêt scientifique.
La recherche
Je suis géographe-sociologue-stapsien (quel est ce Pokémon me direz vous!) car j’étudie trois phénomènes.
- Les migrations des capoeiristes vers l’Europe, en Europe, et le contexte spatial de leur pratique. Je souhaite voir s’il existe des comportements socio-spatiaux dominants dans le monde social des capoeiristes, si des migrations de capoeiristes sont dues au fait qu’il s’identifie comme urbain, rural, brésilien, breton, lombard…
- La formation du petit-monde de la capoeira.
- L’intégration des capoeiristes en Europe. En plus détaillé, je veux savoir ce que la capoeira a apporté à l’Europe depuis les années 1970, et ce que l’Europe a apporté à la capoeira.
Les objectifs
Mon objectif premier est d’ordre scientifique.
Mes objectifs secondaires sont nombreux. Lors de mes terrains de capoeira-vélo, je souhaite faire la promotion des deux activités sportives phares de ma recherche. Mon choix du vélo est une démarche écologique et favorable à la conservation des patrimoines paysagers et historiques. Les photos que vous verrez narreront mes péripéties, les beaux endroits, les monuments, les curiosités et mes rencontres avec des capoeiristes et des compagnons de route.
Partenariats
Contrats
Sponsors
Mécénats
Olá la capoeirie du COB !
Nous sommes l’après midi du mercredi 20 septembre 2023.
Ça a commencé avec une galère, regardez moi ce pneu crevé. On part de la station Saint-Michel Notre-Dame, en RER C.
On s’en va à Etrechy, en profitant des paysages depuis les vitres du train. Arrivé en gare, petit regonflage, puis direction le camping naturiste. C’est le vélo le premier tout nu, regonflage à bloc.
Le cours de capoeira de la soirée se passe avec les élèves de Professor Flash – Association Liberdade de Jogar. Merci notamment à Cinco et Ceara!