Au camping de Chartres, je me réveille à 8 heures, même si je pensais faire une grasse matinée. Cela me laisse le temps d’aller acheter mes dernières provisions en ville, ainsi que des boissons énergisantes.
L’après midi, je retrouve un peu de sommeil, je m’endors sous le saule, sous ma tente. Je quitte le camping vers 18 heures, après l’appel d’une grande amie. Je vais à la salle du cours de Professor Vermelho, du grupo Comunidade de Escudos e Pesquisas da Capoeira, à proximité d’une zone résidentielle et d’un skatepark. De dehors, j’entends un berimbau, j’entrevois des mouvements de jambe circulaires à travers les murs métalliques troués de la structure.
J’attends un peu dans le hall, certaines personnes entrent dans la salle, je me joins à eux, Vermelho me permet d’entrer. Le précédent créneau horaire correspondait au cours des adolescents, des jeunes du groupes restent pour le cours adulte.
Deux exercices intéressants : un échauffement cardio avec les mouvements de mains (galopantes, palmas, mão de baixa para cima), et sur les placements de la vingativa à partir de tous les mouvements circulaires hauts imaginables. Le cours de Vermelho n’est pas le premier à être apparu à Chartres, mais il est actuellement le seul à proposer de la capoeira en ville.
Le cours fini, je reste un peu avec l’une des élèves qui cherchait à éteindre toutes les lumières du bâtiment, une tâche plutôt complexe. Après avoir mangé un bout et mis des lumières sur mon vélo, je quitte Chartres. Il est 23h. Je dois faire 40km avant d’arriver à Rambouillet.
Les lampes du vélo suffisent tant que les lampadaires sont allumés, mais pas à la nuit noire. À Coltainville, je me décide à me vêtir de plus de lumière, ainsi que d’une lampe frontale pour regarder en périphérie de ma direction. Sur ma route, je croise une famille de sanglier. En me rapprochant de l’Île-de-France, les routes deviennent de plus en plus sombres. Je n’ose plus traverser les chemins champêtres. Je me risque à aller dans une forêt.
J’entends des hurlements, des meuglements au fond de la nuit qui résonnent à travers les arbres. Est-ce le yéti, ou un ours qui souffre, probablement juste une vache, mais je cherche vite un chemin pour me sortir des feuilles.
Le décor dans lequel j’étais plongé avait finalement un côté féérique de jour, mais la nuit attire une telle méfiance dans les formes, qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer l’improbable. Je n’avais pas peur, mais la crainte me prenait d’être à tout moment face à l’inattendu émergeant de la nuit.
Je retrouve des routes bétonnées, des formes cubiques familières de hangars, de citernes et de maisons. Me voilà dans une autre commune éclairée nommée Gallardon.
De jour, cette ville est célèbre pour la ruine de sa tour penchée. De nuit, celle-ci n’est qu’une ombre lointaine, comme un obstacle contourné par des rues.
Pour aller à Rambouillet, il faut prendre un chemin jouxtant les rails du TER qui se rend plus loin en région Centre. J’arrive vers la lumière urbaine après un dernier chemin de terre. En ville, les espaces d’ombres correspondent aux grands jardins qui entourent le château. Les lieux religieux restent toujours éclairés, comme les salles de capoeira.
Il est 2h du matin. Je pensais pouvoir prendre un bus de nuit pour retourner à Paris. Les trajets que j’avais vu sur le site de la RATP ne se font plus. Quel dommage. J’attends deux heures à la gare pour prendre le premier Transilien à 4h40. Je résiste au sommeil et je commence à prendre froid. Quand je rentre dans le train, je ferme les yeux, mais mon coeur bat vite. Je m’interdis de dormir.
Je regarde mon téléphone, sur Instagram, je vois passer l’annonce d’un cours de capoeira à Bracieux par Mestre Bicudo. Je ne suis pas allé dans cette ville, mais je prends l’adresse en note.
Arrivée Paris Montparnasse, destination finale Stains. Je retrouve mes monuments parisiens comme ligne d’arrivée. Aujourd’hui, je dormirai pour fêter mon arrivée.
TO BE CONTINUED