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Capoeira et velo, histoires croisees et rencontres conjoncturelles

J’ai intitulé ma présentation du jour « Capoeira et vélo : histoires croisées et rencontres conjoncturelles » afin de vous rendre compte d’une enquête que j’ai faite dans l’optique de croiser l’objet d’un de mes séminaires universitaires portant sur le vélo avec mon objet de recherche qu’est la capoeira. Mais mon idée de faire un rapport sur les croisements entre ces deux sports demeure antérieure à ce séminaire, et cet exposé d’enquête aura pour but de vous démontrer que des croisements ont bel et bien eu lieu entre vélo et capoeira, et j’essayerai de comprendre ce pourquoi ces croisements et similitudes adviennent. A priori, la capoeira, un art martial, a par définition peu en commun avec le transport qu’est le vélo, ou même son sport associé, le cyclisme. Tout d’abord, l’attention que j’ai voulu porter sur les croisements Capoeira-Vélo est parti d’un constat récent que j’ai davantage ressenti aux débuts de la crise de COVID 19, et même un peu antérieurement, au moment des grèves de transports de février 2019. Comme certains d’entre vous l’auront peut-être remarqué, ces évènements auront occasionné une augmentation du nombre de cyclistes dans Paris et en France de manière plus générale. J’ai même regardé le premier bulletin des fréquentations de vélo en France faits par le ministère de la transition écologique, et il y est indiqué que le nombre de passages de vélo en France aurait augmenté de 30 à 40 % entre 2019 et 2021. Il m’a semblé que cette évolution du nombre de cyclistes n’a pas été sans impact sur l’augmentation du nombre de capoeiristes-cyclistes. Notamment dans Paris et dans la petite couronne, je ne suis pas le seul à me rendre sur les lieux de capoeira en employant ce transport, mais reste à savoir si le fait que je remarque un usage relativement répandu du vélo chez les capoeiristes d’Île-de-France relève d’un hasard ou des circonstances post-COVID, autrement dit, de conjonctures, ou si l’association capoeira-vélo revêtirait d’un sens plus profond, lié à une histoire plus ancienne. 

Au cours de la mini-enquête que j’ai mené, la question qui m’a orienté était la suivante : Dans quelle mesure vélo et capoeira auraient-ils des liens ? ou formulé de manière plus scientifique : Quels sont les points communs anthropologiques qui relient la pratique de la capoeira et celle du vélo ? Dans quelle mesure peut-on unir les pratiques, même s’il faut bien se garder de les distinguer ? Je ne suis pas anthropologue de formation, mais plutôt géographe, cependant j’espère que ma formation en sciences humaines et sociales saura satisfaire un point de vue propre à celui de l’anthropologue, à la croisée des sciences humaines. C’est pourquoi j’ai choisi d’organiser ma présentation en articulant 3 approches de SHS, et voir en quelles mesure elles dégagent des éléments de réponse. Ma première approche consistera à comparer la capoeira et le vélo en pratique. Nous verrons là que la capoeira et le vélo ou le cyclisme ont quasiment aucun point commun, mais je suis arrivé à en détecter quelques-uns dont vous pourrez discuter la pertinence un peu plus tard. Mais cela est qu’ils existent. J’adopterai ensuite un point de vue d’historien-géographe pour examiner les histoires croisées de la capoeira et du vélo. Au XXe siècle, le vélo s’est démocratisé auprès des élites brésiliennes de Salvador et Rio, et un peu plus tard, la capoeira allait les atteindre. A partir de là, la capoeira et le vélo en tant qu’objet et sport ont eu une histoire conjointe dans leur progressive démocratisation, leur propagation auprès de diverses classes sociales pour des usages variés. Quels sont alors les évènements qui ont marqué l’histoire commune de la capoeira et du vélo. Après cette approche historique sur le temps long, j’aborderai l’actualité des liens entre capoeira et vélo au niveau événementiel depuis les années 2010. Après cette histoire des conjonctions spatiales et historiques de la capoeira et du vélo, j’entrerai dans une analyse des liens idéologiques entre la capoeira et le vélo. Pour cela, je m’intéresserai notamment aux propos et aux usages des pratiquants capoeiristes et cyclistes par rapport à l’objet-vélo dans des microrécits de mes enquêtes et au cours d’entretiens passés en novembre dernier.

Pour aborder la définition de la capoeira, nous pouvons sous quatre angles qui sont les suivants : son origine, son côté esthétique, les traditions qu’elle véhicule, et les richesses que les pratiquants peuvent individuellement lui apporter. La plupart des historien arguent que la capoeira est afro-brésilienne, issue d’une collision des cultures des différentes ethnies africaines qui ont été déportées lors de la colonisation du Brésil. Pour ce qui est de l’esthétique, les capoeiristes cherchent à coordonner leurs mouvements aux percussions de la bateria, l’orchestre devant lequel chaque joueur doit se présenter avant de pénétrer au centre de la roda, c’est-à-dire la ronde formée par les autres capoeiristes présents qui clappent des mains. Ainsi, la capoeira se présente comme une lutte chorégraphiée, mais plus encore, l’anthropologue Martial Meziani la définit comme un jeu paradoxal dans son article « La Capoeira : ni lutte, ni danse. Proposition de définition ». Il reprend l’expression à reprend à Pierre Parlebas : « jeu sportif dont les règles des interactions motrices sont affectées d’ambiguïté et d’ambivalence ». Ici, l’ambivalence réside dans la manière dont on considère le partenaire de jeu. Est-il un adversaire à battre, ou bien quelqu’un avec qui danser ? Il faut se mettre en tête qu’il est les deux à la fois. Pour ce qui est du dernier aspect, celui des richesses que les pratiquants apportent, on trouve deux principales écoles, d’abord celle de la capoeira angola se caractérise par sa lenteur et sa technique. On lui accorde volontiers qu’il s’agit de la forme traditionnelle de la capoeira, issue des peuples africains sans modifications extrêmes, car ceux qui la maîtrisent doivent revendiquer leur filiation avec Mestre Pastinha qui a appris la capoeira auprès d’africains et a produit toute une pédagogie et documentation pour transmettre son art. La deuxième école est celle de la capoeira regional-contemporânea où il est accordé plus de licence au pratiquant pour développer un style propre, mais les jeux sont d’emblée à allure rapide ou modérée.

De l’autre côté, nous trouvons le vélo, soit un véhicule à deux roues montées sur un cadre dont la roue avant oscille grâce à la position des mains sur le guidon. Un tel objet, d’abord nommé draisienne, est apparu en Allemagne en 1817, puis a connu une évolution à Paris en 1860 grâce aux pédales de la roue avant. Le cyclisme réfère à la pratique de l’objet précédemment décrit, dont son usage sportif, avant tout lié à la performance en vitesse de pédalage.

Il n’y a a priori aucun lien entre les deux définitions que je viens de donner, et en un certain sens, capoeira et vélo seraient opposables. Alors que la capoeira impose la présence d’un collectif, ou a minima d’un binôme, le cyclisme est un sport individuel. Au niveau moteur, les mouvements de capoeira développent la souplesse et la mobilité des jambes, tandis que le vélo fonctionne grâce à un mouvement de pédalier répété. Le cyclisme sportif est régulé par des fédérations mondiales et internationales qui organisent des compétitions, tandis que dans la capoeira, l’existence d’une fédération est en discussion depuis les années 1970 et le demeure encore aujourd’hui car les pouvoirs publics nationaux minimisent encore le nombre de capoeiristes et ne savent pas vraiment catégoriser la capoeira, notamment parce-qu’elle est un jeu paradoxal. Même si des compétitions de capoeira existent, notamment en capoeira contemporânea, beaucoup de capoeiristes désapprouvent l’aspect compétitif de la capoeira car les critères choisis pour désigner un vainqueur seraient arbitraires.

Néanmoins, on peut en revenir à un point commun fondamental, le cyclisme et la capoeira font travailler le système cardio-vasculaire. Mais on peut en outre découvrir d’autres croisements symboliques entre les deux sports. Dans la capoeira, on trouve un mouvement qui s’appelle « bicicleta » et imite la posture sur un vélo. A partir de là, on peut même amorcer un pédalier à l’avant, mais ce mouvement s’appelle « benção ». Un autre point commun, cette fois plus poussé, est la formation de cercles. Comme sur un vélo, il faut deux cercles pour que cela roule, et même, faire des mouvements circulaires pour accompagner le pédalier, en capoeira, tout se passe dans le cercle de la roda que j’ai décrit, et même, les mouvements des capoeiristes sont pour beaucoup circulaires, que cela soit avec la dynamique des jambes ou des esquives. La capoeiriste historienne Maya Talmon, dans son livre « The Hidden History of Capoeira » développe la symbolique et l’utilité du cercle dans la capoeira. La roda est une barrière séparant l’espace dédié à la capoeira du monde extérieur, et dans la culture congolaise, entrer dans la roda signifierait passer du monde matériel au monde de l’esprit, où la seule chose qui importe est le moment présent. Ainsi, il m’est venu cette réflexion : N’y aurait-il pas un état d’esprit, une manière d’être, un jeito de ser commun au capoeiriste et au cycliste ? Tous deux ancrés dans le présent grâce aux cercles, leur détachement vis-à-vis du monde extérieur à leur activité pourrait en être un. Mais ce sera un point que j’aborderai plus tard relativement aux pratiquants de capoeira et vélo.

Afin de comprendre si le point commun de la manière d’être du cycliste et du capoeiriste a des répercussions concrètes, je vais explorer plus en avant l’histoire partagée des capoeiristes et des cyclistes au XXe siècle en m’intéressant au cas de Salvador-da-Bahia, une ville réputée pour être la capitale historique de la capoeira pour y avoir hébergé les académies de deux grands Mestres : Bimba et Pastinha.

Comme il s’agit de la première capitale du Brésil, de 1550 à la moitié du XVIIIe siècle, il s’agit d’un haut lieu où la collision des cultures africaines qui a abouti à la capoeira a eu lieu. Ensuite, le pouvoir politique s’est installé à Rio où existaient déjà des groupements illégaux de capoeiristes-esclaves. Sans revenir sur le développement de la capoeira lors de ces années, je vais faire un saut dans le temps jusqu’aux années 1890. A cette date, la capoeira était considérée comme criminelle à Rio mais pas à Salvador où elle a été légalisée. Les groupements informels de capoeiristes sont donc devenu des écoles. Les lieux d’apprentissage et de rodas n’avaient plus à être cachés. C’est alors que l’une des premières adresses de cours fut celle de l’école de Mestre Pastinha à Campo de Polvora – un quartier historique sur la baie de tous les saints – de 1910 à 1922 dans un atelier de réparation de bicyclettes. Je n’ai pas trouvé de document indiquant que le Mestre était cycliste ou réparateur, mais il y a de grandes possibilités puisqu’à l’époque, il travaillait de petits labeurs pour vivre, distribuait des journaux, cirait des chaussures et réparait des charpentes. La bicyclette s’était faite connaître sur le continent américain grâce aux Jeux Olympiques d’Athènes de 1896. Des artisans brésiliens en produisirent donc au compte de la bourgeoisie d’abord dans les capitales économiques et politiques du Brésil, puis les capitales des autres États sont au fil du temps contagionnées par le phénomène. En 1927, Rubens Pinheiro, un jeune garçon d’une famille pauvre de la capitale, fut rendu célèbre pour un voyage qu’il effectua à ses 18 ans, celui de se rendre faire fortune à bicyclette jusqu’à New-York. Les journaux rapportent qu’environ une centaine de cyclistes l’ont accompagné au début de son trajet après qu’il ait averti la presse. Il fit 18000 km et traversa onze pays. En même temps, Mestre Bimba développa son Académie de Capo regional à Brotas sur le plateau central de Salvador, aussi un quartier riche.

Lors de la première moitié du XXe siècle à Salvador, on assistait à une démocratisation de la bicyclette balbutiante, mais elle était déjà adoptée par les élites de la ville avec l’automobile. Les premières à arriver au pays roulèrent dans les rues de São Paulo et Rio, mais ce n’est qu’après coup qu’elles enchantèrent le reste du pays. Pendant ce temps, la capoeira connaissait une période de transition, passant de l’illégalité à sa promotion en tant que sport national. Au cours des années 1940, Mestre Bimba fit des démonstrations de sa version sportivisée de la capoeira – c’est-à-dire qu’elle avait une pédagogie réglée pour la rendre plus offensive – à travers le Brésil, et en 1953, Getulio Vargas et lui entrèrent en contact et discutèrent pour établir des politiques nationales de promotion de la Luta Regional Baiana.

Dans les 1950s, la capoeira est définitivement devenue légale, et on assistait à l’application d’un plan de développement des transports que l’on doit au Président Jucelino Kubitschek à partir de 1956 après la destitution de Getulio Vargas. Le vélo est alors devenu un emblème de la modernité des transports et les couches plus modestes de la société eurent l’opportunité d’en acquérir un avec moins de difficultés que lors des décennies précédentes. Lors des 1970s, le marché de la bicyclette allait connaître le triomphe d’un modèle local : la Caloi 10 avec son guidon de course. Ainsi, les marques Caloi et Monark avait conquis 95% du marché du vélo brésilien. Plus le vélo se démocratisait, plus les groupes de capoeira faisaient des pas de géant dans l’institutionnalisation de leur art martial. En 1972 la fédération de pugilisme fut le premier organisme sportif qui eut pour ambition de regrouper les grupos du pays. Mais ce projet n’est à l’heure actuelle toujours pas mené à bien. Dans les années 1980, le Brésil créa sa propre fédération de cyclisme, et on allait connaître une progressive ascension du Mountain Bike sur le Marché, notamment à Rio et dans les régions montagneuses de Salvador. Il y a dix ans, un organisme privé dota la ville de ses vélos-libre service, les Bikes Salvador et des politiques publiques et médiatiques telles que le Movimento Vai de Bike encouragent à l’utilisation du vélo sur les différentes infrastructures construites à cet effet.

En l’occurrence, peut-on maintenant faire des croisements des lieux fréquentés par les cyclistes avec ceux des capoeiristes ? Pour cela j’ai décidé de croiser deux cartes de la ville. La première vient d’un Master de géographie de l’Université de Bahia sur les territoires des vélos à Salvador, et la deuxième d’un article de 2011 nommé « Capoeira et internet » où l’auteur a entrepris de cartographier les lieux d’entraînement de grupos actifs sur les réseaux sociaux. En comparant les cartes, il semble a priori que les pistes cyclables croisent les académies réputées comme l’União Internacional de capoeira Regional (Unicar) sur la Ponta da Humaita, l’Associaçao de Capoeira Arte Luta (Acal) sur l’Avenue Océanique, et on a le grupo Camugerê sur la Ciclovia. Cela nous renseigne donc que des académies de capoeira sont plutôt bien desservies en pistes cyclables, mais il ne faut pas s’y méprendre car, on le remarque, les zones centrales de Salvador, càd les quartiers Brotas et Pernambuês ne semblent ni pourvues d’académies, ni de pistes cyclables. La raison en est que ce sont les habitants les moins aisés qui habitent ces parties de la ville. Même s’il existe des académies de capoeira dans des zones dépourvues de piste cyclable, l’auteur de la seconde carte ne s’y est pas aventuré.

Jusqu’ici, on pourrait affirmer que capoeira et vélo ont des histoires parallèles. Et si l’on peut détecter des croisements, comme le fait que Mestre Pastinha ait été dans un atelier de réparation, ou bien que des académies se trouvent le long de pistes cyclables, on les jugerait plutôt fortuits et n’émanant pas vraiment de la volonté des acteurs. Mais l’histoire récente, qui commence avec la décennie 2010, nous montre que les croiser les deux sports est plus pertinents qu’on ne le croit. Je vais maintenant vous raconter l’histoire de Mestre Acordéon, l’un des pionniers de la capoeira-vélo. Il a été l’élève de Mestre Bimba, dont je vous parlais à l’instant. Après sa mort, il a fondé sa propre académie de capoeira, la United Capoeira Association, à Berkeley en Californie. Son école eu un succès retentissant, ce qui lui permettait, en parallèle du développement de son association de tenir un projet caritatif dans son quartier natal à Salvador, à Itapuã. A l’anniversaire de ses 70 ans, en 2013, il entreprit un voyage qui semble en certains points inverse à celui de Rubens Pinheiro en 1927. Avec sa femme Mestra Suelly et 9 élèves, il rejoignit Salvador à partir des Etats-Unis et parcouru 18 000 km. Ce long voyage fut un prétexte à la réalisation d’une multitude d’autres projets qui engrangèrent une importante somme d’argent investie dans le Projeto Kirimurê dont l’objectif est de réduire la criminalité à Itapoã en prenant en charge les jeunes du quartier. Outre les 57 000 euros récoltés, il composa un CD et un livre pendant son voyage. Pour trouver où se loger, il s’arrêta dans des académies de capoeira avec lesquelles il s’était arrangé, passait quelques jours avec les capoeiristes locaux, et s’en allait reprendre la route. Dans une interview qu’il donna au journal, il expliqua que son choix du vélo pour faire son périple venait de son désir de découvrir en profondeur et de manière graduelle les cultures qu’il rencontrerait. Il raconta aussi que la route qu’il utilisa le plus fut la Rodovia Panamericana pour traverser le Mexique. Après avoir traversé l’Amazonie et l’intérieur du Brésil, Mestre Acordéon resta à Itapuã dans la maison que son projet social servit à construire pour les enfants du quartier. Puis il retourna à Berkeley. Pour une personne comme Mestre Acordéon, il serait difficile de faire la part des choses entre sa vie de cycliste et sa vie de capoeiriste, tant les deux s’entremêlent. Dans la même interview, il déclare faire quotidiennement 25 km de vélo dans Berkeley pour se rendre à ses différents cours de capoeira. Ainsi, l’ambition de Mestre Acordéon nous montre que le croisement capoeira-vélo a un sens anthropologique et symbolique. Pourquoi unir capoeira et vélo ? Mestre Acordéon répond que les points communs sont le défi, la découverte de l’autre, et pourrait même y ajouter un côté environnementaliste, bien qu’il ne le déclare pas avec franchise. Pourquoi utiliser le vélo en tant que capoeiriste, pour se dépenser physiquement, retourner aux sources, et ne pas avoir à prendre l’avion, déclare t’il dans l’interview.

Peut-on dès lors trouver d’autres points où s’accordent et s’unissent l’esprit du capoeiriste et celui du cycliste ? Pour le savoir, j’ai entrepris de comprendre l’action d’une association de capoeira française, de Mayenne, le Collectif COB (Capoeira Origem do Brasil) qui s’est faite connaître ces dernières années pour quelques évènements où l’enjeu était de réunir pratique du vélo et de la capoeira. L’idée de marier capoeira et vélo n’émergea pas relativement à un choix, comme dans le cas de Mestre Acordéon, mais par rapport à des circonstances. Celui qui commença à faire germer l’idée est Monitor Carcajú, mais comme il le dit lui-même dans l’entretien que j’eus avec lui, il ne fut pas celui qui planta la graine. Lorsqu’il m’a décrit sa pratique passée du vélo, il m’a dit qu’il en faisait de manière occasionnelle, en tant qu’amateur. Il en faisait en vacances au bord de la mer, et ce qu’il appréciait beaucoup, c’était le côté cardio du fait de pédaler. Amateur de salles de sports, il lui arrivait de faire des entraînement Les Mills où il fallait pédaler à fond sur un vélo d’appartement. Donc en 2018, Carcaju appréciait le vélo en tant que sport, au même titre que la capoeira, mais l’idée ne lui était pas encore venue de mélanger les deux. Ce fut davantage conjoncture due au COVID qui l’amena à faire germer cette idée. Pendant le COVID, les professeurs de capoeira du COB, dont il fait partie, proposaient des cours et entraînements on-line. En 2020, on discutait sur Facebook live à travers la télévision et on s’entraînait dans nos jardins. Au fur et à mesure, il s’est mis à proposer des activités autres que la capoeira dans l’association. De janvier à mars 2021, il avait lancé un défi nommé les Dix Manches du dimanche où il s’agissait de courir chaque weekend pendant dix semaines et de retracer notre trajet pour pouvoir ensemble avoir fait minimum 1000 km. On a réussi. Après ce challenge, Carcajú a lancé un défi dans l’association COB, celui que l’on fasse ensemble 1000 km à vélo, toujours en les faisant le dimanche, en accompagnement des cours de capoeira en visioconférence. C’est donc en période COVID, sur les routes mayennaises, alors que les déplacements autour de chez soi dans un rayon de 20 km étaient autorisés, que le COB commença à mêler la capoeira et le vélo. Puis dans les mois qui suivirent, d’autres occasions de mélange se présentèrent à Carcajú et ses élèves. En juin, la commune de Villaines la Juhel qui héberge nos cours de capoeira organisa un évènement festif : le Carnavélo. Le but était que les citoyens et les associations se déguisent tout en pédalant sur des cycles originaux. Certains avaient des tandems, d’autres des monocycles, et le COB opta pour la rosalie que vous voyez, décorée de drapeaux brésiliens et de Dum Dum sur lesquelles on appliquait nos rythme tout en pédalant. Le mélange s’est alors concrétisé entre la capoeira musicale et le fait de pédaler. A l’issue du Carnavélo, la rosalie des capoeiriste remporta le prix du véhicule le plus original, et l’association remporta un vélo Peugeot, que Carcajú a surnommé COBike et qu’il customise actuellement afin d’en faire un gravel. Ainsi, ce sont divers concours de circonstances qui ont mené le vélo à la capoeira du collectif COB, un contexte permit la rencontre, mais c’est par un choix délibéré des acteurs que le mariage a perduré. Grâce à l’entretien que Carcajú m’a offert, j’ai pu en savoir plus sur ce pourquoi le mariage a perduré, et perdure encore toujours chez Carcajú qui a en tête de s’engager dans la compétition du Paris-Brest-Paris. Pour lui, les points communs entre les deux sports ne sont pas vraiment là, mais leur complémentarité fait leur force. À l’aspect social de la capoeira, Carcajú a opposé la pratique solitaire du vélo, et pour lui, chaque sport répond à un besoin différent. Finalement, ce mélange lui a permis d’obtenir une esthétique de vie dont il vante les bienfaits. Le vélo lui permet d’avoir un contact avec la nature qu’il n’avait pas pendant son adolescence, et par-dessus tout, le vélo lui a permis d’arrêter de fumer. 

En outre, au fur et à mesure, le COB organisa un évènement sportif dont l’enjeu a été de réunir cyclistes et capoeiristes. Du 27 au 29 août de l’année dernière, l’idée vint aux professeurs de l’association de relier les villes mayennaises où ils donnaient des cours en se déplaçant ensemble à vélo. On était une cinquantaine, et il y avait parmi nous quelques cyclistes amateurs non-capoeiristes. Mais ils acceptèrent de se prêter au jeu. À chaque ville que vous voyez avec un nom en gras sur la carte, on s’arrêtait pour donner une roda, puis on reprenait la route pour aller à la ville suivante. Ce qu’il y a de cocasse, et que vous pouvez voir sur l’image, c’est que l’évènement a permis de créer un habit hybride entre celui du cycliste et du capoeiriste, on a un short cycliste, et un maillot qui se voit avec le logo du collectif. Pour moi, faire cet évènement avec le COB a été une porte d’entrée dans mon journal de terrain de recherches, j’ai raconté les journées que nous avons passé dans mon journal et j’ai pu recueillir des avis de capoeiristes du COB et de l’extérieur qui exprimaient leur point de vue sur l’évènement. Il y avait un prof de capoeira de Belgique en vélo électrique qui était étonné du potentiel touristique de la Mayenne, et un autre qui habite dans la grande couronne qui avait pris un bol d’air frais grâce à l’évènement. Autre chose d’intéressant : les vélos de l’évènement m’ont en quelque sorte permis de deviner le statut et le caractère individuel de chacun. Certains professeurs de capoeira invités se sont vu prêter des vélos de la part du COB qui les accueillait, et le professeur de Belgique m’a dit que le vélo électrique avait été encouragé par des politiques publiques dans son pays, et cela reflétait en quelques sorte le pays qu’il habite.

Si l’on se réfère à l’histoire longue, nous sommes alors en droit de penser que la rencontre capoeira-vélo est récente, mais pas sans fondements. Que ce soit dans le voyage de Mestre Acordéon ou le Roda Road du COB, on peut néanmoins particulariser que c’est le cyclotourisme qui est privilégié au-dessus d’autres modalités de pratique du vélo. On ne fait pas de vélo pour aller plus vite mais pour profiter du paysage et des cultures. 

En faisant quelques recherches sur internet, j’ai trouvé d’autres croisements capoeira-vélo qui se rapprochent de ceux que j’ai précédemment décris et son parfois antérieurs. En vous les décrivant, j’espère encore mettre en avant des liens que les acteurs peuvent se figurer entre les deux sports.

En 2006, deux capoeiristes nommés Fabio, qui est paulistin, et Mary, qui est californienne, voulaient fêter leur lune de miel se sont lancé dans un voyage à vélo de São Paulo à la Californie. Dans un blog du club de cyclotourisme brésilien, ils nommèrent leur voyage Pédala Capoeira. Il y écrivent qu’ils ont parcouru 20 000 km, traversé neuf pays, et rencontré au passage cinquante grupos de capoeira. Le blog décrit que leur voyage cherchait en outre à divulguer un message de paix et union entre les capoeiristes – « Paz e união entre os capoeiristas » – à l’échelle transcontinentale. Conscients que la capoeira est un sport mondialisé, ces capoeiristes ont vu à travers l’usage du vélo un moyen de transport approprié à la rencontre d’autres capoeiristes, en se faisant connaître de manière plus avenante que s’ils avaient fait leur trajet en voiture. 

En 2018, le groupe de capoeira Senzala Toulouse a organisé un évènement où le paddle et le VTT furent mis à l’honneur en plus de la capoeira. Sur le descriptif de leur évènement que l’on trouve sur Youtube. On remarque qu’une quinzaine de capoeiristes se sont réunis pour l’occasion dans une salle à L’escala en Espagne. Ils prirent deux cours de capoeira dans la salle qu’ils louèrent, et firent deux balades à vélo en veillant à retourner à leur salle de départ. Contrairement au Roda Road où les cyclistes-capoeiristes campaient, ceux de Toulouse ont fait deux boucles pour pouvoir profiter de plus de confort. On remarque alors un inconvénient des évènements et périples de capoeira-vélo, c’est que ceux-ci imposent de choisir une logistique pour se restaurer et dormir. Lors du Roda Road, les voitures ont servi à ces fins d’encadrement, mais dans le cas de l’évènement à L’escala, le parti pris de ne pas les utiliser a contraint les participants à faire moins de kilomètres lors de leur week-end.

Le dernier modèle de rencontre vélo-capoeira que j’ai trouvé s’est concrétisé lors d’une « semaine durable » – « Semana de Mobilidade Sustentavel » qui a eu lieu en septembre 2010 à Biguaçu, au Brésil, dans la communauté de commune de Florianópolis. Le centre-ville a été fermé pour promouvoir d’autres activités sportives autour du vélo. Les participants cyclistes ont donc eu l’occasion de faire un entraînement de capoeira. A la différence des autres croisements que nous avons constatés jusqu’ici, celui n’a pas été à l’initiative des capoeiristes mais des politiques publiques communales.

De tous ces cas d’étude que nous avons rencontré jusqu’ici, deux modèles de croisement vélo-capoeira ont pu être distingués pour leur récurrence, même si chaque croisement mérite d’être différencié des autres pour ses particularités. On a d’abord le modèle du « long voyage » qui est l’occasion pour peu de capoeiristes-cyclistes d’aller à la rencontre d’autres grupos. Par là, comprenez le voyage de Mestre Acordéon et Pedala capoeira, puis on a le modèle du « cyclisme événementiel » où il est plus question de retrouvailles que de découverte. Remarquez alors que les trajets, sont différents : lors du long voyage, on va en ligne droite d’un point A à un point B, alors qu’il est plus question de boucle dans le « cyclisme évènementiel » du Roda Road, l’évènement de Senzala Toulouse ou la semaine durable.

Mais au-delà de ces modèles de croisements relatés dans les médias et qui font évènement à travers leur organisation, serait-il possible de trouver des croisements plus simples entre les univers cyclistes et capoeiristes ? Là a été un enjeu de ma recherche de terrain en Île-de-France. Auparavant, une autre recherche ethnographique d’un capoeiriste chercheur nommé Celso de Brito avait curieusement mentionné une discussion à vélo entre chercheur et capoeiriste. Dans son Mémoire post-doc de 2010 A roda ao mundo : Os fundamentos da Capoeira Angola « glocalizada », il menait une enquête auprès d’un capoeiristes de Lyon pour savoir si la capoeira lui avait apporté en termes de sociabilité. Dans sa recherche, la balade en vélo a été l’occasion de briser la glace avec un capoeiriste qui avait des difficultés à se confier au chercheur.  

À moi-même il m’est arrivé de discuter avec des capoeiristes en pédalant. Je reprends nos discussions dans mon journal de terrain, et parfois celles-ci touchent l’objet vélo que nous utilisons. C’est comme si le vélo créait un point commun additionnel à la capoeira entre nous. Comme j’ai pu faire un recensement des capoeiristes que j’ai rencontré pour mon mémoire, je peux vous donner un ordre d’idée de la part des capoeiristes qui sont cyclistes. Sur 700 noms, 50 sont des personnes que j’ai vu rouler à vélo et deux sont réparateurs de vélo, ce qui donne un ratio de 7 %. Les autres modes de transports sont majoritairement le métro, tramway ou bus, il y a ensuite ceux qui se déplacent à pied, puis la voiture. Mais il ne faut pas négliger que l’usage du vélo en Île-de-France passe souvent par la multimodalité. J’ai néanmoins trouvé cet attrait qu’ont certains capoeiristes que j’ai rencontré pour le vélo, un attrait qui s’est caractérisé par une récurrence au cours de ma recherche sur les territoires de la capoeira en Île-de-France. 

Certes, il est trop tôt pour dire que la piste cyclable est un espace de capoeiristes, Mais pour expliquer cet attrait des capoeiristes pour le vélo, les acteurs m’inspirent diverses hypothèses. Tout d’abord, il y a celle que Carcajú a déjà formulé, qui serait que Capoeira et vélo répondraient à des besoins différents mais complémentaires, mais il en formule une autre au cours de l’entretien. Capoeira comme vélo répondent à la curiosité de l’individu. Le cyclotourisme permet la découverte de routes peu empruntées tandis que la capoeira permet de découvrir des potentialités inexploitées de son propre corps. Lors de mon entretien avec Mestre Mola dans son atelier, celui-ci me décrit d’autres points communs, mais cette fois, il s’agit de ceux entre réparation de vélo et enseignement de la capoeira. On n’est alors dans une pratique active du sport, mais plus dans sa dimension didactique. Le plaisir que Mestre Mola trouve, c’est celui d’aider l’autre. On pourrait finalement dire que c’est le contact social que lui permet ces deux activités qu’il fait le lien entre elles. Plus qu’un réparateur de vélo et maître de capoeira, il est un travailleur social actif dans sa commune de résidence, Drancy. Dans ce même entretien, Mestre Mola dépeint un autre recoupement entre capoeira et vélo, cette fois plus en rapport avec son histoire de vie. Mola a appris à réparer les vélos grâce à une connaissance de la capoeira. C’est dans un esprit touche-à-tout qu’il s’est intéressé au deux, et on en revient au point d’accroche qu’à souligné Carcajú, celui de la curiosité.

Mais à la curiosité, le plaisir du lien social, et les besoins complémentaires, il m’est apparu pertinent d’ajouter un quatrième point commun entre cycliste et capoeiriste, celui d’un « a-priori contestataire » qui qualifierait les usagers du vélo et les capoeiristes. Sans pour autant dire que tout usager est vélorutionnaire ou que tout capoeiriste a l’intention cachée de se rebeller, l’objet vélo et la capoeira sont tous les deux entourés d’un folklore diabolisant qui les a investis d’une symbolique contestataire. Dans la capoeira, on a la figure du « malandro », le malandrin qui va fuir la police après avoir fait usage de l’art martial lors d’une agression, et chez les cyclistes, on a celui qui grille les feux rouges mais que l’on tolère quand même. Parce-que ces figures diabolisées du capoeiristes et du cycliste existent, un a-priori contestataire, ou anti-système, entoure à mon sens chacune des deux pratiques, et cela constituerait pour moi un point commun supplémentaire. Cet a-priori peut même prendre part au jeito de ser commun que j’avais commencé à décrire au début de mon intervention.

On pourrait toujours discuter les croisements que j’ai repéré jusqu’ici, notamment parce-que la plupart sont d’ordre circonstanciels. Mais en guise de conclusion, j’aimerais faire un bilan de ceux que j’ai pu trouver. Tout d’abord sous l’angle « Praxis » de mon analyse, ce qui a été trouvé de plus concret est la posture « bicicleta », puis, pour le plus abstrait, il y a eu la récurrence des cercles. Sous l’angle historique et géographique, on peut retenir que Mestre Pastinha avait probablement touché à la réparation de vélos et que les pistes cyclables sotéropolitaines croisent les grandes académies de capoeira locales. Mais les liens les plus intéressants se rapportent à l’action récente des acteurs capoeiristes pour adopter l’objet vélo dans leur activité, pour marier vélo et capoeira. Il y a la capoeira-vélo envisagée sur le mode du « long voyage » d’une part et du « cyclisme évènementiel » d’autre part. A l’instar d’un duathlon, le sportif fait montre de ses capacités en capoeira et cyclisme, et c’est à ce moment-là que les deux champs sportifs se confondent en un pratiquant. Mais lorsque l’on aborde la capoeira et le vélo sous d’autres perspectives que la perspective sportive, il devient possible de trouver des croisements plus profonds révélant la communauté des manières d’êtres – jeito de ser – du cycliste et du capoeiriste. Le défi, le plaisir de partager une expérience, l’aspect a-priori contestataire, et la curiosité qui mène aux découvertes et à la rencontre de l’autre sont les points communs qui m’ont semblé les plus flagrants. Ceux-ci forment des points de contacts qui rendent les deux pratiques complémentaires pour certains.

Dans quelle mesure peut-on unir les pratiques de la capoeira et du vélo ? Leur union a-t’elle un sens au-delà de la coïncidence ? Oui, car au-delà de la divergence de leur pratique, capoeira et vélo semblent attachés aux mêmes idéaux. A partir de là, je me figure que capoeira et vélo sont amenés à avoir un avenir commun.

Forasteiro

Alexandre Reubrecht

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Sources web :

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HUFFPOST, WILKEY Robin, « Mestre Acordeon, 70-Year-Old Capoeira Teacher, To Ride Bike From San Francisco To Brazil (VIDEO) », <https:// www.huffpost.com/entry/mestre-acordeon_n_3581543>

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ITAPUÃCITY, « Mestre Acordeon: De Berkeley a Itapuã de bicleta e berimbau », <https://www.itapuacity.com.br/mestre-acordeon-de-berkeley-a-itapua-de- bicleta-e-berimbau/>.

MINISTERE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE, Bulletins fréquentations vélo en France, < https://www.velo-territoires.org/observatoires/plateforme- nationale-de-frequentation/bulletins-frequentations-velo/ >. 

MOVIMENTO SALVADOR VAI DE BIKE : <https://www.facebook.com/salvadorvaidebike/>. 

PAULETTE.BIKE, « L’histoire du vélo en cinq dates. », < https://paulette.bike/fr/blog/histoire-velo-dates-n60 >. 

PROJETO KIRIMURÊ, <http://projetokirimure.blogspot.com/p/projeto-kirimure.html>